• Ce que tu vas lire est une lettre bien informelle, je ne sais même pas comment la commencer. Avec Mon cher ? Monsieur ? Une énième formule de politesse préfabriquée et impersonnelle ? J'hésite.


    Laissons donc cette question en suspend car peut importe après tout. Il faut qu'on parle de toi.


    Tu as souvent été là, tu fais parti de moi et pourtant, combien de fois j'ai voulu crier : « Vas t'en ! Je t'en supplie , vas t'en ... »

    Alors, je t'écris ces quelques mots car chaque nuit et sans un bruit tu reviens. Tu attends patiemment et te fonds dans l'ombre de la pièce.
    Tu me regardes tomber, succomber aux bras de mon amant. Guettant ta proie. Vieux rapace vif et perfide tournoyant avant d'attaquer, savourant a l'avance ton exploit bientôt réalisé.

    Enfin je m'abandonne et m'endors ...

     

    C'est alors que tu te glisses, que tu t'immisce entre nous. Tes griffes acérées soulèvent les draps, tes canines scintillent dans ce noir complet. Monstre assoiffé, ta jouissance est proche.
    Tu m'enveloppes de ton corps, ta main resserrée sur ma gorge étouffe mes cris. Les yeux clos, privée de tous mouvements je subis tes assauts, les images que tu me balances froidement en plein visage. Traître parmi les traîtres tu les fais défiler inlassablement. Comme un disque rayé diffusant en boucle la mélodie de la mort et de l'ennui.
    Chaque soir tu dévores mon âme, la torture et la condamne puis tu repars avec la lune, pas peu fier de cette aventure. Bombant le torse et à bientôt, car une fois encore tu reviendra, face à toi Morphée ne fait pas le poids.

     

    J'entends d'ici ton rire diabolique, les souvenirs remontent, tu en jubiles encore …
    Mais que veux tu ? Que cherches tu ? Je ne suis donc pour toi qu'un plaisir éphémère que tu viens chercher une fois la nuit tombée ? Te régales tu vraiment de ma peur ? T'amuses tu de cette douleur ?


    Mon pauvre, si tu savais comme je te plains.

     

    Ne te perds pas dans ta rage et souviens toi bien car tu ne reviendra pas . Tout ça c'est fini. Cette lettre signe ma promesse celle de te faire la guerre pour reconquérir mon corps .
    Je monterai une armée pour combattre la mort  . Je ne m'épuiserai pas et même durant des années je continuerai le combat car une chose est sure tu ne gagnera plus.
    Tu m'entends ? Aujourd’hui oui je vais crier à m'en faire péter les cordes vocales s'il le faut je vais serrer les dents, serrer les poings et te cogner, te rentrer dedans. Je suis plus forte que toi, moi,  je n'lacherais pas.

     

    Au fond, c'est pour ça que je t'ai écris pour prendre mes mots comme on prend les armes.

    Peut être que l'on se retrouvera, sous une autre forme, à une autre saison. En attendant, prends le large et laisses moi en paix.


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